Au moment d’être honoré du prix Nobel de Littérature, Shai Agnon prononce ces quelques mots: “En étant conscient de la catastrophe historique que fut la destruction, par l’empereur romain, Titus, de Jérusalem, partageant par là-même le sort de mon Peuple exilé d’Israël, et bien que je ne sois pas né sur ma Terre, j’ai le sentiment étrange à chaque instant d’être né à Jérusalem. Dans mes visions nocturnes, je me tiens avec mes frères lévites à l’entrée du “Bet Hamikdash”, entonnant les chants du Roi David, des mélodies que nulle oreille n’entendit depuis la destruction de notre Ville, sans doute égarées durant l’exil. Je soupçonne les anges célestes en charge de ces chants, qui par crainte de m’entendre insidieusement chantonner ce que je chantais au milieu de mes rêveries nocturnes. Si mes frères se tenaient à mes côtés et m’entendaient, ils ne pourraient sans doute pas surmonter leur douleur face à cette intense bonté que nous avons jadis perdu”.
Cette douleur a été la nôtre pendant 2000 ans, un rude labeur nous attend encore, mais elle s’est bien estompée depuis lors. Comment expliciter ce lien si particulier qui nous attache à notre Cité? Ce ne peut pas être seulement l’aspiration ressassée à maintes occasions, « L’an prochain à Jérusalem ». Ce ne peut pas être non plus un endroit ou la Torah y ferait référence, puisque “Jérusalem” n’y est pas mentionnée. Mais en même temps, la Torah ne cesse d’invoquer “ce Lieu que Dieu choisira” (Deutéronome 12 5, 11, 14)
Des évènements constitutifs de l’avènement de notre Nation vont s’y dérouler, la ligature de notre père Yitzhak, le rêve prophétique de notre père Yaakov…
Nous allons tenter sans succès de conquérir cette ville dirigée par les jébuséens (à l’époque de Josué et des Juges). Il faudra attendre le règne de David pour assoir pleinement notre souveraineté et pouvoir y honorer dignement le Nom de Dieu. Hélas les Babyloniens n’hésiteront pas à la souiller. De courtes périodes, 70 ans après, des idéalistes inspirés par des grands hommes tels qu’Ezra et Néhémie, vont déployer, avec force et ténacité, des moyens pour s’y implanter à nouveau.
Mais l’Exil semblera inévitable. Ce lien intrinsèque, insaisissable pour l’esprit humain mais néanmoins inaltérable, entre Jérusalem et notre Peuple apparaissait utopique aux yeux des nations pendant les 2000 ans qui se sont écoulés. Mais voilà que Dieu dans sa grande bonté, il y a maintenant 50 ans nous a permis de réduire à néant la profanation de Son nom. “Nous annonçons à notre Peuple ainsi qu’au monde entier que la reconnaissance de l’Unité divine est désormais ré-instaurée”, clamera le Rav Zvi Yehuda HaCohen Kook au moment de la guerre des six jours!
La finalité du projet divin n’est bien sûr pas encore achevée, le corps de la nation est revenu, mais son âme retrouve, pas à pas, sa place. Un processus difficile est en marche mais un Chant nouveau résonnera bientôt et une lumière étincelante plus forte que celle qui illumina notre Peuple au moment de la sortie d’Egypte sera prochainement dévoilée avec miséricorde. Yom Yerushalaim Samea’h!
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