וַה’ פָּקַד אֶת-שָׂרָה, כַּאֲשֶׁר אָמָר; וַיַּעַשׂ ה’ לְשָׂרָה, כַּאֲשֶׁר דִּבֵּר.
Et Ashem s’était souvenu de Sarah, comme il l’avait dit et il fit à Sara ainsi qu’il l’avait annoncé. (Genèse 11,1)
Il peut sembler répétitif et superflu d’employer à deux reprises ces termes en apparence similaires dans notre verset : une première fois, « comme Il l’avait dit » puis une seconde, « ainsi qu’Il l’avait annoncé ». La Parole de Dieu si précise, ne tolèrerait pas des palabres inutiles, aussi comment saisir ce qui apparait, dans Sa Torah, comme une redondance ?
Rachi va nous donner un premier éclairage en insistant sur le moment où sont prononcées ces paroles : la première, durant la grossesse de notre Matriarche, la seconde, lors de l’accouchement. Il demeure cependant complexe de pleinement saisir la nécessité de leur répétition dans un même verset, d’autant que le dénouement optimal d’une grossesse, se clôt généralement par un accouchement, et si Ashem annonce à Sarah son accouchement, par déduction, il ne peut découler naturellement que d’une grossesse qui l’a précédée !
Nous pouvons invoquer un autre enseignement de Rachi afin de clarifier, encore un peu plus, la portée exceptionnelle de notre verset : “Et Ashem fit pleuvoir sur Sodome” (Genèse 19, 24), וַה’ הִמְטִיר עַל סְדֹם, « partout où est écrit “Et Dieu”, il faut y comprendre : Lui et Son Palais de Justice ». Cela signifie qu’Ashem « consulte son Ministère, les Anges » concernant les implications de Ses Décrets. De même, comme le Maitre de Troyes le commente, au moment de la Création de l’Homme, au sujet du verset “Façonnons l’Homme” (Genèse 1, 20), “נעשה אדם“, on remarque que l’injonction est au pluriel, car Ashem a consulté les Anges afin de décider s’il était judicieux ou non de façonner l’Homme…
Nous nous devons, en outre, de rappeler les enseignements de nos Maitres (Ta’anit 2a), qu’un accouchement serein, qu’une délivrance certaine ne soit qu’entre les mains d’Ashem et ne nécessite en aucune façon la participation des « Anges ».
Cette répétition dans notre verset s’avère, par conséquent, fondamentale grâces aux éclairages de notre Maitre Rachi, cités auparavant : “Et Dieu (Lui et Son Assemblée) a visité Sarah, au moment où Il déclare – elle est enceinte”, Il consulte Son Ministère d’Anges tutélaires s’il est judicieux que Sarah s’apprête à mettre au monde un enfant, “Et Dieu fit à Sarah quand Il l’avait annoncé – au moment de l’accouchement”, ce qui signifie que le dénouement positif de cette grossesse ne dépende que de la volonté d’Ashem. Il est troublant, selon ces enseignements que même Ashem, l’Absolu, l’Unique, l’Infini dans toute Sa Grandeur, le Maitre parmi les maitres, prenne conseil auprès de ses Creatures célestes au sujet de la destinée et de la justesse des actions humaines.
Il serait aisé pour nous, Humains, qu’en s’émerveillant de nos nombreuses connaissances, nous négligions l’aide et les précieux conseils proposés par Autrui.
Mais il semble qu’en réalité, cela soit une terrible erreur, et qu’au contraire, en étant à l’écoute d’un autre regard, en partageant nos opinions avec Autrui, se construise un échange, qui nous l’espérons, sera fécond et bénéfique pour tous, d’autant que si, ainsi, agit Ashem, a fortiori l’Homme se doit de prendre conseil afin d’aspirer à prendre de bonnes décisions. Cela est exactement le sens sémantique d’un Maitre, un « talmid hahkam ». Aspirons pour l’éternité à être « l’élève d’un Sage », nous aurons alors peut-être le privilège, en toute humilité, de saisir une once de la Sagesse divine
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