
Au moment où les nations en général, et notre Peuple s’interroge sur l’avenir incertain de Gaza, il nous importait d’y réfléchir non sur un plan politique, économique ou sécuritaire mais exclusivement selon la Vérité du Projet Divin, seule réponse authentique, immuable et intangible qui se doit d’être audible en vue du dénouement de cette guerre[1]
Nos patriarches et la “terre des Philistins“

Abraham à Guerar
Le récit commence avec Abraham qui s’installe dans la région de Guerar, dans la terre des Philistins. Selon l’exgese traditionnelle (Berechit 20,1), Abraham “voyagea de là vers la terre du Négev et s’installa entre Kadesh et Shur, et il séjourna à Guerar.”
וַיִּסַּ֨ע מִשָּׁ֤ם אַבְרָהָם֙ אַ֣רְצָה הַנֶּ֔גֶב וַיֵּ֥שֶׁב בֵּין־קָדֵ֖שׁ וּבֵ֣ין שׁ֑וּר וַיָּ֖גׇר בִּגְרָֽר
Le RaDaK[2] enseigne qu’Abraham ne s’est pas déplacé à cause de la famine, mais plutôt pour resider sur toute la terre qu’Ashem Dieu lui avait promis, alternant entre différentes régions. La terre des Philistins faisait partie intégrante de “la terre de la Promesse” , étant incluse dans l’héritage de la tribu de Juda, située au sud de la terre d’Israël.
La Torah précise d’ailleurs que notre Patriarche y a vécu durant de nombreuses années (Yalkut Shimoni), même plus que les années passées a Hebron! (26 ans à Guerar comparé aux 25 ans à Hébron)
Itshak et l’Héritage divin
L’histoire se poursuit avec Itshak[3] , malgré une période de famine, Ashem lui interdit de quitter la Terre d’Israël:
(Berechit 26, 1-3) “Ne descends pas en Égypte ; demeure dans le pays que je te dirai. Séjourne dans ce pays, et je serai avec toi et je te bénirai, car à toi et à ta descendance je donnerai tous ces pays.”
וַיְהִ֤י רָעָב֙ בָּאָ֔רֶץ מִלְּבַד֙ הָרָעָ֣ב הָרִאשׁ֔וֹן אֲשֶׁ֥ר הָיָ֖ה בִּימֵ֣י אַבְרָהָ֑ם וַיֵּ֧לֶךְ יִצְחָ֛ק אֶל־אֲבִימֶ֥לֶךְ מֶֽלֶךְ־פְּלִשְׁתִּ֖ים גְּרָֽרָה׃ וַיֵּרָ֤א אֵלָיו֙ ה וַיֹּ֖אמֶר אַל־תֵּרֵ֣ד מִצְרָ֑יְמָה שְׁכֹ֣ן בָּאָ֔רֶץ
גּ֚וּר בָּאָ֣רֶץ הַזֹּ֔את וְאֶֽהְיֶ֥ה עִמְּךָ֖ וַאֲבָרְכֶ֑ךָּ כִּֽי־לְךָ֣ וּֽלְזַרְעֲךָ֗ אֶתֵּן֙ אֶת־כׇּל־הָֽאֲרָצֹ֣ת הָאֵ֔לאֲשֶׁ֖ר אֹמַ֥ר אֵלֶֽיךָ׃
Rashi souligne que cette interdiction à Itshak de quitter la terre, même pour l’Égypte, était dû au fait que notre Patriarche fut l’expression de l’homme parfait, né en Israël, cette terre fut donc la plus appropriée pour lui.
Le Or HaChayim[4] précisera par ailleurs que “la terre des Philistins” était incluse dans la promesse divine faite aux patriarches. Aussi il était primordial qu’Itshak s’y établisse avec fermeté afin d’accomplir ce qu’Abraham n’avait pas pleinement réalisé.
La prospérité d’Itshak à Gaza
Isaac connut un succès remarquable dans cette région:
(Berechit 26,12) “Isaac sema dans cette terre et trouva cette année-là cent fois ce qu’il avait semé, et l’Éternel le bénit.”
וַיִּזְרַ֤ע יִצְחָק֙ בָּאָ֣רֶץ הַהִ֔וא וַיִּמְצָ֛א בַּשָּׁנָ֥ה הַהִ֖וא מֵאָ֣ה שְׁעָרִ֑ים וַֽיְבָרְﬞכֵ֖הוּ ה
Cette bénédiction extraordinaire résultait de deux mérites indissociables de notre Patriarche : la vertu d’Isaac lui-même et les qualités fertiles de la terre, “coulant de lait et de miel”. Même dans une année de famine, Isaac récolta cent fois plus que prévu.
Cette prospérité suscita la jalousie des Philistins, particulièrement quand Isaac développa d’importants troupeaux et une grande maisonnée qui s’étendaient à travers les champs de toute la région.
L’héritage territorial d’Israël
La définition biblique des frontières
Le livre de Yehoshoua [Josué] (13,1-3) définit clairement la terre des Philistins comme faisant partie du territoire que notre Peuple devait conquérir. Il est mentionné explicitement “tous les territoires des Philistins” [incluant Gaza, Ashdod, Ashkelon, Gath et Ekron].
Le livre des Juges (1,18) confirme que “Juda prit Gaza et son territoire, Ashkelon et son territoire, et Ekron et son territoire.”
L’époque du Roi Salomon
Sous le règne de Salomon, la souveraineté israélienne s’étendait explicitement sur cette région.
(Rois 1 5,1-5) “Salomon dominait sur tous les royaumes depuis le fleuve jusqu’à la terre des Philistins et jusqu’à la frontière d’Égypte… car il gouvernait toute la région au-delà du fleuve, de Tiphsach jusqu’à Gaza.”
…וּשְׁלֹמֹ֗ה הָיָ֤ה מוֹשֵׁל֙ בְּכׇל־הַמַּמְלָכ֔וֹת מִן־הַנָּהָר֙ אֶ֣רֶץ פְּלִשְׁתִּ֔ים וְעַ֖ד גְּב֣וּל מִצְרָ֑יִם … כִּי־ה֞וּא רֹדֶ֣ה ׀ בְּכׇל־עֵ֣בֶר הַנָּהָ֗ר מִתִּפְסַח֙ וְעַד־עַזָּ֔ה וַיֵּ֩שֶׁב֩ יְהוּדָ֨ה וְיִשְׂרָאֵ֜ל לָבֶ֗טַח אִ֣ישׁ תַּ֤חַת גַּפְנוֹ֙ וְתַ֣חַת תְּאֵנָת֔וֹ מִדָּ֖ן וְעַד־בְּאֵ֣ר שָׁ֑בַע כֹּ֖ל יְמֵ֥י שְׁלֹמֹֽה׃
Il y même précisé que durant toute cette période, “Juda et Israël habitèrent en sécurité, chacun sous sa vigne et sous son figuier, de Dan jusqu’à Beer-Sheva.”
Perspectives hil’hatiques et implications contemporaines
L’alliance avec Abimélech et ses conséquences

Le Rashbam[5] propose une interprétation qui peut sembler audacieuse mais significative concernant l’alliance qu’Abraham conclut avec Abimélech, roi de Guerar. Selon cette lecture, cette alliance diplomatique avec les Philistins suscita la colère divine, et la raison essentielle de l’épisode de la Ligature d’Itshak, car la terre des Philistins faisait partie des territoires que la nation hébraïque future se devra de conquérir entièrement, avec l’injonction de “n’épargner personne”.
Cette perspective suggère une tension fondamentale entre les arrangements diplomatiques temporaires et les promesses divines concernant la souveraineté territoriale complète.
La vision sioniste contemporaine
Dans une des Lettres du Rav Avraham Its’hak HaCohen Kook (Igrot HaRaya), datée du 5 Tevet 5678 (1917-1918), établissant un lien direct entre ces sources anciennes et notre Retour contemporain sur Notre Terre, il apprait fondamental de saisir le souffle qui anime notre Peple. En effet, “animé d’une confiance indéfectible envers Ashem, nous marchons devant Ses armées afin de re – conquérir cette Terre de Sainteté et permettre ainsi de révéler aux yeux de tous Sa Présence”.
Sans la restauration de la Terre d’Israël spoliée à son peuple, la guerre mondiale ne pourra apporter de fruits durables pour la paix universelle!

En Conclusion, nous nous sommes efforcés, par une approche théologique et historique, d’argumenter la nécessité vitale de rendre cette province jadis philistine à la nation hébraïque, qui, à juste titre, la réclame au nom du Droit Divin. Nous avons pu mettre en relief la continuité narrative entre les promesses divines faites aux patriarches, l’expansion territorial sous les rois d’Israël, et les aspirations sionistes contemporaines. Espérons, très prochainement, après tant de douloureux épisodes dont a souffert Israël en cette région, que nous pourrons retrouver notre sérénité en rentrant a la Maison, en rentrant à Gaza !
[1] Article rédigé après plus d’un an de guerre, à la suite de “Sim’hat Torah” 5784 (2023), basé sur un cours donné, dès les premières semaines de la guerre [https://youtu.be/bW6gVoGqCw8?si=BS6wyJ0HwAdbBUCC]
[2] Le Rav David Kimhi, rav installé dans le Languedoc, grammairien, lexicographe, exégète biblique, philosophe du 13e (1160 – 1235).
[3] Nous rappelons grâce aux enseignement du Rav Haïm Israël Steiner (Tova HaAretz Meod Meod, p.78) que notre Patriarche Its’hak naquit à Gaza !
[4] https://ravbenitah.com/le-or-hahaiim-hakadosh/
[5] Rabbenou Shmouel ben Meïr, plus connu sous l’acronyme de Rashbam, petit-fils aîné et secrétaire de Rachi, exégète biblique et tossafiste ayant vécu en Champagne et à Rouen au XIIe siècle (1085 – 1158).
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