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Reflexions sur la “Parnassah”

explorons ensemble la perspective juive sur la manière de gagner sa vie, en approfondissant l’interaction entre l’effort humain et la providence divine. Il présente une vision nuancée, reconnaissant la nécessité de l’effort humain tout en soulignant la dépendance ultime à la bénédiction de Dieu. Le texte comprend également deux récits sur des rabbins vénérés et leurs épouses, illustrant ces principes en pratique.

L’effort nécessaire de l’Homme et la Providence divine, paradoxe ?

La tradition juive soutient généralement que les moyens de subsistance ne sont pas simplement offerts, mais nécessitent un effort par le travail de l’homme. Ceci est résumé par l’expression

“par ton labeur, tu apportera son pain”

בְּזֵעַת אַפֶּיךָ תֹּאכַל לֶחֶם [בראשית ג, יט]

Cependant, les gens doivent également avoir confiance en Sa Providence seule abilitée a garantir le succès de notre entreprise. L’effort fourni par l’homme sera ratifié par la bénédiction céleste. Cette double perspective signifie que nous vivons dans deux dimensions : travailler activement dans ce monde tout en sachant que toutes mes capacités et les bénédictions prodiguées viennent de Dieu.

Les premiers Maitres de la Tradition Juive précisent, en outre, que même si certains sont dotés de talents particuliers afin de pouvoir acquérir certaines richesses intellectuelles et/ou economiques, ils doivent se souvenir que ceux-ci sont dus à la Bienveillance divine.

La difficulté de subvenir à ses besoins et notre dépendance à Sa Volonté

Les moyens de subsistance sont considérés comme une mission difficile a atteindre, autant “que l’“Ouverture de la Mer au moment de la Sortie d’Egypte”, et non comme un acquis. La “Parnassa” dépend exclusivement de la grâce de Dieu. Cette difficulté n’est pas innocente ; elle doit etre considérée comme un manque inhérent à la Créature, faisant de cette capacité à pouvoir subvenir à ses besoins l’expression la plus manifeste de de Sa Bienveillance gratuite.

Durant les périodes difficiles et douloureuses qu’a traversé notre Peuple, particulièrement pendant l’exil, la confiance indéfectible en Dieu, et même l’apparition de phénomènes miraculeux se révèlent comme un soutien plus authentique et plus fiable que certaines approches rationalistes. Cela a accentué de façon plus intense, au cours des dernières générations, notamment dans la ‘Hassidout, la volonté de s’annihiler totalement devant Dieu, au risque même de négliger sensiblement la valeur des actions matérielles qui n’apporteraient aucun résultat convaincant face à la Bénédiction divine. Certains iront même jusqu’à suggérer que la sécurité financière peut s’avérer dangereuse, car celle-ci pourrait fragiliser  notre dépendance constante et notre lien avec Dieu.

L’histoire de Rabbi Hanina ben Dosa et de Rabbi Shimon ben Halfata

Le récit de ces deux Maitres exceptionnels met en relief la complexité de ces  Grands Hommes, animés de Justice et leur dépendance aux “miracles” afin d’assurer leur subsistance et celle de leur foyer.

Rabbi Hanina ben Dossa (Taanit 24b-25a)

L’épouse de Rabbi Hanina, gênée,  avait coutume de faire chauffer leur four chaque veille de Shabbat, même s’ils n’avaient rien à y faire cuire. Une voisine malveillante, consciente de leur extrême dénuement, est venue les voir, et un miracle s’est produit : le four était plein de pain et la bassine ou elle pétrissait se remplit de pate! Ce premier miracle a pu préserver leur dignité.

Plus tard, l’épouse de Rabbi Hanina, lassée de devoir supporter une telle misère , enjoint son époux de demander à Dieu, ne serait-ce qu’une infime aide afin de pouvoir vivre convenablement. “Un pied de table en or apparu soudain miraculeusement”. Cependant, le Rav rêva ensuite de Justes mangeant devant une table dorée à trois pieds, tandis que la leur n’en avait que deux. Comprenant cela comme une déficience dans l’Au-delà, elle pria son époux qu’il demande auprès de Dieu son retrait, ce qu’il fit. L’exégèse traditionnelle note que cette dernière requête fut un miracle encore plus impressionnant que le premier, reprendre quelque chose, était plus grand que le premier, car il est d’usage que les cadeaux soient donnés mais non repris.

Rabbi Hanina lui-même préféra une vie de pauvreté en se contentant du minimum vital afin de subsister. Selon son opinion, l’intervention du miracle tout comme l’ordre de la nature, représentent tous deux  des expressions de la volonté divine. Son épouse, cependant, encore profondément enracinée dans les préoccupations mondaines et les normes sociales, craignait la honte plus que la faim. L’accord de Rabbi Hanina à sa demande pour le pied doré de la table était un acte pédagogique, lui permettant de saisir par elle-même qu’un gain mondain temporaire ne valait pas la peine de sacrifier une récompense éternelle et complète. Les trois pieds de la table sont interprétés comme représentant la Torah, le culte (ou le service) et les actes de bienveillance, sur lesquels le Monde se tient. En recherchant une récompense matérielle, le pied représente le culte qui a été perdu.

Certains commentaires suggèrent que l’épouse de Rabbi Hanina, habituée aux miracles, en espérait un, afin de résoudre leurs problèmes financiers à long terme, aspirant a une vie stable, sereine et cohérente plutôt qu’une dépendance continuelle aux interventions divines révélées quotidiennement. La grandeur du second miracle fut perceptible du fait de Sa Volonté à  renverser le processus et leur permettre de choisir une vie parsemée de défis et de croissance spirituelle.

Rabbi Shimon ben Halfata (Midrash Vaykra Raba 37)

Cette histoire, similaire à celle de Rabbi Hanina, présente une dynamique inversée. La veille de Pessa’h, Rabbi Shimon ben Halfata n’ayant pas d’argent pour célébrer la fête, son épouse, gênée, fit semblant de cuisiner, tout en sachant pertinemment qu’il n’y avait rien dans la casserole! Voyant sa détresse, Rabbi Shimon se tourne avec vigueur vers Ashem.  Une main apparut, soudain, et lui offrit une pierre précieuse. Il l’a vendue pour de l’or afin de se procurer des victuailles en l’honneur de la fête.

Son épouse, en apprenant l’origine de l’argent, refusa catégoriquement de consommer le moindre met tant qu’il n’aurait pas rendu la pierre; la considérant comme une récompense pour l’avenir, l’intervention de ce miracle diminuerait irrémédiablement leur part dans ce monde à venir. Rabbi Shimon rendit la pierre, et de nouveau, le miracle de la restitution de cette pierre fut apprécié avec plus d’envergure !

Dans ce récit, indubitablement, une perspicacité spirituelle est perçue chez la femme plus d’ailleurs que chez son époux, rejetant le gain matériel immédiat au profit d’une récompense future intacte.

Récuser les “cadeaux gratuits” au profit d’un travail acharné ?

A travers ces deux histoires talmudique, nos Maitres soulignent à tel point il est souhaitable d’éviter de compter sur la charité, “même venue du Ciel”. La récompense d’une mitzvah (commandement) est la mitzvah elle-même, ce qui implique que le gain matériel diminue la signification spirituelle des actions.

Ces deux grands Maitres, Rabbi Hanina Ben Dossa et Rabbi Shimon ben Halfata, bien qu’ils soient en mesure par la force de leurs prières, de laisser apparaitre des bienfaits  miraculeux, ont délibérément choisi de vivre avec des besoins matériels minimes en se détachant des préoccupations mondaines. Leur acte de résistance consistait à savoir s’il était judicieux d’intégrer des miracles révélés dans leur vie quotidienne ou bien s’il était préférable de bien distinguer les dimensions spirituelles des matérielles. Tous deux, en accord avec leurs épouses respectives, ont finalement décidé de ne pas dépendre des miracles pour faciliter la qualité de leurs moyens de subsistance, privilégiant un avenir élevé à un présent temporaire et éphémère.

Il est certain, pour conclure, que nous ne pouvons pas tous pas vivre à un idéal spirituel aussi élevé, il n’en demeure pas moins que le principe du contentement avec les nécessités de base peut être recevable pour chacun d’entre nous. La recherche excessive de luxes mène à des difficultés et à l’insatisfaction. La véritable prospérité et le bonheur ne dépendent pas de la richesse, mais de l’unité du foyer et du partage spirituel en son sein.  Seule cette conception, à notre avis, pourra transformer les défis actuels en opportunités de croissance future.

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  1. Excellent résumé de cette paracha CLÉ du passage de la lumière absolue symbolisée par Moché à celle cyclique de yoshua…

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