En lisant le texte de la Méguila d’Esther, on peut remarquer combien la notion du temps y est abondement invoqué : “Ce fut au temps d’Assuérus”, “une longue durée de cent quatre-vingts jours”, “un festin de sept jours”, “c’est-à-dire après douze mois révolus, car ce temps était pris par les soins de leur toilette”, “le sort, devant Aman, en passant d’un jour à l’autre et d’un mois à l’autre jusqu’au douzième mois” etc.
Une autre remarque est à noter : au moment où nos Maîtres vont s’interroger, en scrutant scrupuleusement les versets de la Torah, s’il est possible d’y déceler une allusion à la fête de Pourim. Cette énigme semble résolue grâce au verset : “ואנכי הסתר אסתיר פני” (Dévarim 31, 18) – “Je persisterai à dérober Ma face”. L’évocation de l’épisode perse s’adjoint à une similitude étymologique, lourde de sens, entre les deux substantifs : “אסתיר”-“אסתר” (“Aster” et “Esther”, tous deux évoquant ce qui est caché). Elle témoigne, en effet, du lien étroit entre la Torah et le nom de notre héroïne. La Présence “voilée” et “cachée” de Dieu apparait paradoxale avec la confiance infaillible envers Sa Providence et ce, malgré l’exil et la détresse dans laquelle notre Peuple se trouvait.
Pourtant, le dénouement heureux du drame perse nous renforce dans l’idée que même lorsque nous sommes emprisonnés dans l’obscur exil, que les écueils qui l’accompagnent nous laissent croire qu’aucun espoir n’est possible, la Providence de Dieu reste inébranlable !
Ainsi, au moment du paroxysme dramatique de la Méguila durant la nuit du 14 Nissan, “le Roi est pris d’insomnie”, D. “n’arrive” pas à dormir ! Nous qui pensions que Dieu s’était définitivement détourné de nous à cause de notre éloignement, voici que “le Roi ne peut pas dormir” ! Même lorsque notre Peuple s’est endormi, et semble avoir oublié son lien indéfectible qui le relie à Dieu, Dieu Lui, “ne dort jamais”. Un moment de réveil de notre part, traduit par une volonté même infime de revenir vers Lui, et notre Roi sort de ce “prétendu” sommeil afin de protéger notre Peuple pour l’éternité.
Les Mitsvot observées le jour de Pourim sont essentiellement réalisées durant la journée et non le soir (excepté la Méguila qui est également lue le soir), car toute la finalité de notre fête est justement de savoir reconnaître la Bienveillance constante d’Hashem, même aux moments où nous nous y attendons le moins. Aussi, endormis dans l’obscure réalité de l’exil, nous ne pensions pas que la Lumière divine pouvait luire d’une telle intensité mais, aujourd’hui encore, au moment où notre exil prend fin, ayons confiance et bientôt la lumière de la lune sera aussi belle que celle du soleil, le Royaume de David brillera de tous ses feux et nous reconstruirons le Beth Hamikdach tant espéré !
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