” כָּל-רֶמֶשׂ אֲשֶׁר הוּא-חַי, לָכֶם יִהְיֶה לְאָכְלָה”
“Tout ce qui se meut, tout ce qui vit, servira à votre nourriture” (Béréchit 9 :3)
Noé est sorti de son arche avec l’espoir de pénétrer dans un nouveau monde. Lui, le rescapé du déluge, se tient devant son arche, seul au monde ! En se remémorant le monde « d’avant », grouillant de vitalité et de bruit, mais déshumanisé, une société où règne la faute et l’iniquité, une génération où “tout est permis”.
Noé prit alors conscience de la lourde tâche qui lui incombe désormais : être le père d’une nouvelle humanité, une humanité plus cohérente, construite sur des fondations justes et saines. Point de place au désespoir !
C’est à ce moment-là, semble-t-il, que fut autorisée, à lui et à ses descendants, la consommation de la viande. Une réelle révolution s’opère dans une civilisation jusqu’à présent essentiellement végétarienne. On saisit qu’une frontière hostile se dessine désormais entre l’homme et la bête, en contraste avec la situation a priori idéale qui prévalait depuis l’époque du “premier Adam” jusqu’à la génération du Déluge, où régnait l’harmonie entre l’homme et le monde animal qui coexistait autour de lui.
Pour quelle raison Hashem, en plus de la délicate et difficile mission de reconstruire l’Humanité, met-Il Noa’h en face d’un affrontement avec le genre animalier ?
Si cette situation avant le Déluge peut sembler idéal aux yeux de certains : être végétarien, vivre en harmonie avec l’animal etc., cela peut s’avérer aussi être une terrible faiblesse ! L’homme se sentant tellement à l’aise avec ces animaux qu’il finit par s’identifier totalement à elles et en oublier ce qui le distingue notablement de la bête. Ce sentiment d’harmonie a en fait brouille les frontières pourtant palpables entre l’Homme et les autres créatures. Alors que l’être humain digne de ce nom est censé agir avec une réflexion intellectuelle animée, d’abord et avant tout, par des valeurs morales, l’animal vit et agit, naturellement, aiguillé uniquement par ses instincts. Voici la raison essentielle qui mena la génération du Déluge à l’extermination, et entraina avec elle, la terrible perte de la majorité de la Création végétale et animale : elle ne s’honorait plus dans sa dignité humaine !
C’est aussi la raison pour laquelle, précisément à une époque où Noa’h s’engage à construire un monde différent, un monde meilleur, qu’il est primordial d’entretenir une distinction claire entre l’Homme et l’animal. L’essence de l’Homme est fondamentalement différente de celle de l’animal. Les valeurs morales qui régissent l’être humain s’opposent à l’impulsion et la luxure dans lesquelles il pourrait trébucher, sans aucun doute naturelles chez l’animal mais antithétique avec ce que la dignité humaine, joyau du Créateur, se doit d’exprimer pour le Salut de toute la Création.
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