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Le Rav Yaacov Moshé ‘Harlap

« Notre attente tant espérée de la Délivrance ne se projette pas uniquement dans le futur mais s’amorce dès à présent. Elle est essentielle et s’impatiente à chaque instant de son plein accomplissement. Sans elle, il n’y aurait pas de sens au temps qui n’a pas de finalité sinon sa révélation. Heureusement le moment de la rédemption finale nous est voilé afin que nous l’espérions à chaque instant. « ‘Hevlei Machia’h », les « cordes » de l’avènement messianique représentent à la fois les douleurs de son enfantement mais aussi le cordon qui nous rattache au projet divin et nous encourage à le parfaire avec succès. » (Mei Marom, « Maynei Hayeshua », au sujet de la Délivrance, 1)

Le Rav Yaakov Moshé ‘Harlap naquit entre les murailles de Jérusalem en 5642 (1882). Son père, le Rav Zevoulon ‘Harlap, accompagné par sa mère, la Rabbanite Myriam, officiait en tant que Dayan aux côtés du « Maril Diskin[1] ». Dès sa plus tendre enfance, notre maître étudia au Talmud Torah « Etz Haïm », situé non loin de la somptueuse synagogue de Rabbi Yehuda Hahassid. Ses enseignants témoignent déjà de ses talents exceptionnels. Les Grands Maîtres d’Israël avaient pris l’habitude de sonder ses connaissances et notamment le Rav de Jérusalem, le Rav Shmouel Salent, qui s’émerveilla de voir les qualités incontestables et l’érudition grandissante du futur Rav Harlap et le prit en affection, le conviant de temps à autre afin de profiter de ses agréables et appréciables paroles de Torah. 

A 14 ans, malgré son jeune âge, il publie « Matok le’Hiki », un commentaire sur une partie du Shoul’han Harouch (Yore Dea). Il s’abreuve des enseignements de son Maître, le Rav Yehoshua Tsvi Michal Shapira, illustre pour ses connaissances dans la « Kabbalah » et son inclinaison à jeûner abondamment. En se contentant d’extrêmement peu, le Rav Shapira enseigne à ses élèves la capacité à prendre du recul sur tous les désirs de ce monde afin de se consacrer à l’étude et au service divin. À 16 ans, le Rav ‘Harlap épouse Pesia, une orpheline de 15 ans, apparentée au Rav David de Karlin.

Après son Alya en 5663 (1903(, lors des festivités de Shavouot, le Rav Avraham Itshak HaCohen Kook entonne les « Akdamot » (selon le rite de nos frères ashkénazes) avec les membres de la Communauté de Yafo (Jaffa). Le Rav ‘Harlap dépeint cette première rencontre avec le Rav Kook avec une intense émotion, et cela bouleversera sa vie à jamais : « J’étais âgé de 21 ans à l’époque et lorsque j’entendis le Rav Kook chanter ainsi avec une telle dévotion, j’en fus totalement bouleversé. C’est à ce moment précis que je décidai de m’attacher au Rav avec un amour fervent et de compter désormais parmi ses plus dévoués élèves ».

Le Rav Kook rapprocha énormément le jeune Rav ‘Harlap de lui et l’encouragea à diminuer ses excès de jeûne dans sa volonté de servir Hashem. Il lui écrira d’ailleurs, la veille de Rosh Hashana 5668 (1907) : « Afin de servir Hashem, il n’y a rien de plus optimal que de Le servir dans la joie, sans une once de tristesse ou d’inquiétude… et par conséquent de ne pas ajouter des actes qui pourraient nuire à notre santé ou à notre équilibre… Il est noble de servir Hashem en prenant soin de ne négliger ni son corps ni son esprit, en étant serein et en aimant Sa Torah… »

Dans sa lettre d’Ordination, le Rav Kook écrira tout le respect et l’affection qu’il porte à son élève, le Rav ‘Harlap : « J’ai pu voir ici, parmi les fils de Zion, un homme d’exception et cher. Un somptueux rosier, beau et agréable parmi les plus grands, les plus érudits et les plus dévoués à Hashem… mon cher ami, le Rav Yaacov Moshé ‘Harlap, dont la connaissance dans toutes les disciplines de la Torah est admirable et rare ; sa capacité, avec une extrême finesse et une exactitude exemplaire, à saisir les enseignements de la Guemara, sa crainte révérencielle envers Hashem, la pureté de son cœur … ne font que renforcer les lettres de noblesse de notre Maître le Rav Yaacov Moshé ‘Harlap… Aucun doute que ces « eaux célestes » sauront abreuver la soif de notre Peuple dans sa Rédemption sur Sa Terre ».

Ces « eaux célestes », « Mei Marom » sont devenues le nom générique des enseignements du Rav ‘Harlap dans divers domaines essentiels à la pensée juive, cette œuvre monumentale qui comprend, à ce jour, une vingtaine de volumes. Certains manuscrits du Rav n’ont pas encore été publiés et des maîtres s’attellent à propager ses écrits, toujours sous l’appellation de « Mei Marom ».

En 5684 (1923), Le Rav Yaacov Moshé est nommé à la tête de la yeshiva « Merkaz Harav », après le décès de son fondateur, son illustre Maître, premier Grand Rav Ashkénaze d’Israël, avant même l’avènement de notre Etat, le Rav Kook.  Jusqu’à son décès, une trentaine d’années plus tard, le Rav occupera cette noble fonction.

Le Rav ‘Harlap s’émouvait particulièrement de voir les premières lueurs de la Délivrance de notre Peuple, d’apprécier la Lumière divine qui réintègre Sion. Ainsi écrira-t-il après l’établissement de l’Etat d’Israël : « Le moment tant attendu pour notre Peuple est arrivé… un feu me consume et brûle en moi, je n’ai pas de mots pour décrire ce qu’avec tant d’efforts nous acquerrons ces jours-ci, un statut incontestable auquel nous accédons aujourd’hui à la face du monde entier… nous sommes assurés qu’il n’y aura définitivement plus d’exil pour notre Peuple. Combien est grande la bienveillance divine ! Son Amour éternel pour Son Peuple est aussi clair que le la luminosité du soleil en plein jour »

Le 7 Kislev 5712 (1951), notre Maître fut rappelé à Dieu. Des milliers de personnes accompagnèrent le Rav dans sa dernière demeure, dans le Quartier hyérosolymite de Sanhedria. Sur sa tombe, on peut lire : « Ici gît notre Maître, Lumière d’Israël, Erudit profondément en Torah, maîtrisant sa dimension révélée autant que sa dimension cachée, « le Nigle comme le Nistar », reconnu pour ne s’être jamais éloigné de la yeshiva et pour avoir formé de nombreux élèves…qui a été conçu et qui a vécu à Jérusalem et qui n’a jamais respiré l’air impur des terres étrangères. » Que son Mérite soit pour tout Israël une Bénédiction et un bouclier face à ceux qui mépriseraient notre Peuple.


[1] Rav Yehoshua Yehuda Leib Diskin, né en 1818 à Hrodna (Grodno), Empire Russe, aujourd’hui Biélorussie et mort le 22 janvier 1898 à Jérusalem, Israël, fut rabbin successivement de Lomza, en Pologne ; Mezeritch, Brisk, en Europe de l’Est puis de Jérusalem de 1878 à la fin de sa vie.

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