Dans notre paracha, notre Peuple reçoit les paroles de Moshe de manière plutôt mitigée, et dût à leur souffrance, ne semblent pas totalement convaincus que la Délivrance soit proche :
וידבר משה אל בני ישראל ולא שמעו אל משה מקוצר רוח ועבודה קשה (שמות ו, ט)
“Et Moïse parla aux enfants d’Israël mais ils ne l’écoutèrent point, ayant l’esprit oppressé par une dure servitude.”
Mais pour quelle raison notre Peuple malgré sa servitude montre une telle impatience. Rachi commente que leur souffrance ayant atteint son paroxysme, ils ne peuvent plus attendre. Cependant, il nous faut rappeler que toutes les paroles tenues par Moshe sont inspirées par la voix divine. Comment saisir l’hésitation des enfants d’Israël ? Hélas notre Peuple se trouvant dans une extrême faiblesse spirituelle, même la Parole Divine, aussi intense soit-elle ne se fait pas entendre à sa juste mesure ! Notre Peuple, faible, humilié, abattu n’est pas prêt à être réconforté et à surmonter ses blessures.
Le Ralb”ag (Rabenou Gueshom, Gersonide) apporte une explication supplémentaire à ce refus d’écouter. Lorsque nous souhaitons convaincre quelqu’un, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’un peuple tout entier, il apparait fondamental d’user de l’art de la rhétorique minutieusement. Bien que les propos de Moshe étaient énoncés avec précision, totalement authentiques et animés par une Sainteté sans précèdent, le Peuple ne l’entendait point ainsi. Car la forme ne convenait pas (encore) à cette Génération noyée dans les méandres de l’esclavage. Aharon, en revanche, était plus habilité à transmettre les propos de son frère car il était pleinement reconnu par l’ensemble du Peuple. Ashem l’avait déjà annoncé, “il sera ta bouche [Aharon]“. Moshe a une “langue lourde” et ardue, c’est pourquoi il ne peut être écouté comme il se doit par notre Peuple. Rien ni personne n’oserait remettre en cause la justesse de ses paroles, mais une distinction palpable entre le fond et la forme se fait sentir surtout lorsque nous résidions en exil. Il ne faudrait pas privilégier l’un au détriment de l’autre mais ce n’est qu’au moment où nous pénétrerons en Terre d’Israël que Moshe pourra s’exprimer directement au Peuple et être dignement entendu : il n’y aura plus alors de fossé entre la forme et le fond mais notre Peuple comme notre Terre retrouveront leur sereine unité. Shabbat Shalom !
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