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Le Beit HaMikdash – Centre agricole du peuple d’Israël ?

Le Beit HaMikdash est incontestablement le noyau vital de notre Peuple. Vers Lui se dirigent nos prières de tous les coins du monde, et tout le peuple d’Israël aspire, à chaque instant, à sa pleine reconstruction. Cependant en approfondissant, on remarquera que le Beit HaMikdash de la manière dont il est dépeint dans la Torah, est le centre d’un peuple agricole.

Le cycle annuel des fêtes d’Israël est basé sur des fêtes agricoles où tout Israël vient célébrer les fêtes agricoles au Temple et apporte avec lui les premiers fruits de sa récolte et les premiers-nés de son bétail. Là, au Temple, l’agriculteur élève tout son travail vers sa source spirituelle : il offre des sacrifices de son bétail, apporte les prémices de son champ, donne des offrandes et des dîmes aux prêtres et aux lévites qui travaillent au Temple et fonctionnent comme ses émissaires devant Ashem. En outre, les commandements de la septième année (shemitah) et du jubilé et autres accompagnent aussi le peuple qui habite sur sa Terre en toute séreinité “sous sa vigne et sous son figuier”.

Il convient de noter qu’il existe aussi dans la Torah des commandements entre l’homme et son prochain, ainsi que “des lois et des jugements justes” dans les lois civiles et la conduite sociale correcte, etc., mais ceux-ci pourraient apparaitre comme accessoires comparés à l’essence même de toute la Création.

Aujourd’hui, le centre de la culture mondiale et du peuple d’Israël n’est pas l’agriculture, et donc se pose la question : quelle est notre relation aujourd’hui à l’agriculture et au Temple qui se trouve en son centre ?

Première direction possible

Un premier axe que nous pouvons proposer serait que dans la Torah, furent énoncés au peuple d’Israël, des principes généraux au moment où celui-ci était majoritairement agriculteur. Sachant que la situation est totalement différente de nos jours, il nous faut saisir les principes developpés dans la Parole divine et les appliquer sous leur nouvelle forme appropriée à la vie actuelle de notre Nation. On pourrait par exemple transformer la “shemitah” du travail de la terre durant la septième année en une année sabbatique, etc. Cette direction, dans son aspect extrême, changerait complètement le caractère du Beit HaMikdash, censé être le centre de la vie d’Israël, et par conséquent nous devrons rechercher de nouveaux paramètres afin de preserver la centralité organique du Temple pour peuple d’Israël d’aujourd’hui!

La position du Rav Tsvi Tau Shalit”a

En revanche, le Rav dans son livre “La valeur de l’agriculture en Israël” argumente différemment et insiste sur le fait que le peuple d’Israël sera ammené dans le futur à retrouvé son statut d’agriculteur. Il demeure néanmois essentiel de rappeler qu’”agricole” n’est en aucun cas synonyme de “primitif”. Certes, à cause de la distance d’une telle réalité aujourd’hui, ce terme pourrait avoir une connotation péjorative aux yeux de certains bien que cela soit totalement infondé et n’ait aucune raison d’être. Nous n’allons pas de manière instantannée redevenir agriculteur, mais cela reste une aspiration future, avec la diversité des tâches qu’incombe cet emploi. Il nous importe de souligner dans tout les cas la valeur incontestable de l’agriculture et l’admiration que doit susciter en nous les agriculteurs en Israël.

Une troisième voie envisageable ?

Avec l’infini respect que j’éprouve à l’égard de nos Maitres, il peut être intéressant de proposer une troisième direction possible qui apparaitra sans doute comme une cohésion des diverses approches évoquées auparavant.

Je rappelle brièvement la problématique: si le Beit HaMikdash endosse un rôle essentiellement agricole, Sa place ne serait plus reconnue de nos jours puisque la majorité de notre Peuple ne s’adonne point au travail de la terre.

J’ajouterai que si le Temple ne devait tenir qu’un rôle spirituel, quelle serait son utilité au moment où chacun d’entre nous est attaché à sa propre synagogue!? Sur ce dernier point, il nous importe de rappeler que ce “lieu de culte privé” puise sa force de “Sa Maison”, Le Lieu de la Rencontre “par Excellence”, du Créateur avec la Nation d’Israël.

Concernant la valeur agricole du Beit HaMikdash, deux réponses ont été proposées: ou bien le Temple jouera désormais un rôle plus spirituel, les principes généraux explicités dans la Torah peuvent tout à fait convenir aux ingénieurs en notre génération, ou bien il est envisageable que dans le futur Israël retrouve son rôle premier en redevenant agriculteur.

Aux 16e et 17e siècles s’est élevé un débat sur la nature de l’âme humaine entre René Descartes et John Locke, parmi les grands philosophes, sur la question de savoir si l’homme en arrivant au monde, l’appréhenderait tel une page blanche et accumulerait des informations uniquement issues de son environnement et de l’expérience de la vie, ou si l’âme de l’homme serait une entité indépendante et ce serait, en fait, grâce au dialogue entretenu avec cet environnement qu’e l’homme qu’il  découvrirait et serait ramené  à son authentique identité .

La première possibilité  accueillera favorablement tout progrès et toute mutation prodigués dans le monde, tandis que la seconde  nous appelle à examiner attentivement et avec prudence si le développement et le progrès du monde sont en adéquation à notre monde intérieur.

Technologie et nature

Le développement technologique a aidé à faire avancer le monde et a donné une solution pour s’occuper des “détails” et des besoins élémentaires qui facilitent notre quotidien, mais avec le recul, on pourrait s’interroger si cette technologie n’a pas aussi finalement, façonné un monde virtuel et totalement artificiel. La technologie qui d’un côté a beaucoup fait avancer les capacités humaines a engrangé en parallèle en  un éloignement certain du monde naturel.

L’homme industriel s’est détaché de la nature : pendant la majeure partie de sa journée, il cohabite dans un bâtiment où il ne ressent que très rarement et très partiellement les bienfaits du soleil, il ne “marche” plus au travail mais s’y rend en véhicule public ou privé, il ne communique presque plus face à face avec les gens mais par téléphone et internet. Certes, de temps en temps il profite grâce à ses  vacances, d’excursions en pleine nature, même si là encore, il passera plus de temps à bénéficier des services proposés par  l’hôtel et ses environs.

En revanche, l’homme agricole est a l’ecoute de la nature : il est attentif aux saisons et à la quantité de precipitations qui nourrira son champ, il s’intéresse et s’emeut de voir les arbres donner leurs fruits et les animaux grandir et se multiplier …

L’éloignement du monde naturel est un signe d’éloignement du monde naturel inhérent a l’homme : un homme qui est connecté au monde naturel est connecté au fonctionnement naturel du monde et par conséquent aussi à la naturalité authentique de son monde intérieur. Cependant un homme connecté au monde naturel est aussi connecté à la cyclicité fixe du monde naturel, de sorte qu’il puisse en devenir l’esclave et se resigner par là-même à demeurer  à l’état primitif. Ce statut ne l’encourage pas  à  développer le monde correctement selon son état actuel.

Synthèse proposée

Si nous adoptons la deuxième approche selon laquelle l’homme est animé d’une authentique identité sans relation avec  quelque influence extérieure et dont l’aspiration est de la révéler tout au long de sa vie, nous sommes en droit de s’interroger dans quelle mesure le développement du monde donnera l’expression la plus optimale à notre monde intérieur et ne façonnera pas en nous un monde artificiel et dénué de sens.

La nation qui réussira à harmoniser la tension latente entre le monde dit “naturel” et le monde industriel et technologique pourra préserver la naturalité de sorte que l’élaboration d’un monde virtuel ne vienne point au détriment de la dignité humaine et qu’au contraire elle permette le renforcement de la naturalité et du monde intérieur de l’homme. Le centre organique d’un tel peuple sera construit à la fois selon une dimension cyclique fixe du monde naturel et une dimension linéaire, en perpétuelle évolution, se mouvant selon l’exigence de progrès régissant la société humaine.

Le peuple d’Israël a développé pour lui-même une certaine fixation pour réussir à préserver le judaïsme pendant l’exil, mais quand il retourne à sa terre, il y a un appel à commencer à développer à nouveau la vie naturelle fluide.

Certes, ces capacités de fixation ont préservé le Temple dans sa manière basique naturelle comme centre d’un peuple qui vit la nature et célèbre les fêtes de la nature, mais la confiance dans le monde naturel propre peut donner une ouverture au progrès de sorte que le Temple puisse exprimer le centre d’un monde entier qui par la préservation du lien au monde naturel permettra d’ouvrir des canaux vers de nouveaux mondes et de leur donner aussi expression dans le Temple.

Vision prophétique

Chez les prophètes, l’appel à retourner à la terre est accompagné du développement du monde naturel  (Ezéchiel 36, 8):

“Et vous, montagnes d’Israël, vous donnerez vos branches et porterez vos fruits pour mon peuple Israël car ils sont près de venir”

וְאַתֶּם הָרֵי יִשְׂרָאֵל, עַנְפְּכֶם תִּתֵּנוּ, וּפֶרְיְכֶם תִּשְׂאוּ, לְעַמִּי יִשְׂרָאֵל:  כִּי קֵרְבוּ, לָבוֹא.

 et sur cela a dit Rabbi Abba dans la Guemara : “Eretz Israël donne ses fruits – il n’y a pas de fin plus révélée que cela”. De nos jours, quand la technologie permet le développement du monde agricole de manière bonne et excellente par peu de personnes, on peut dire qu’il n’y a pas ici un appel dirigé que le peuple d’Israël doit être agricole. Selon ces eseigmements, on peut expliquer que même un homme qui s’occupera de tout autre domaine avancé doit toujours se rappeler la connexion au monde naturel. Par le lien au monde naturel, l’homme pourra s’assurer que même lorsqu’il développe le monde, cela se fera en cohérence avec sa volonté et ses aspirations profondes.

Conclusion

En d’autres termes, le rôle du Beit HaMikdash est de développer la volonté propre de l’homme au sein de la nation hébraique vers des mondes supèrieurs comme l’expriment ces mots tirés de la liturgie “Et que soit toujours agréable le service d’Israël ton peuple”.

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  1. Excellent résumé de cette paracha CLÉ du passage de la lumière absolue symbolisée par Moché à celle cyclique de yoshua…

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