La réminiscence de la Destruction de notre Temple, l’évocation des Lamentations résonne encore dans nos cœurs et pourtant nous nous apprêtons, les sept semaines à venir (par le biais de nos haftarot) à étudier des paroles de consolation transmises par le prophète Isaïe. Hélas, celle qui était presque veuve hier (Lamentations 1, 1), celle qui fut en désolation depuis près de 2000 ans, Jérusalem, se reconstruit progressivement, mais des “renards” y rodent toujours, là où devrait résider toute la Majestuosité de notre Dieu. Aussi comment pourrions-nous réellement être consolé ?
Avant de tenter d’y répondre, nous rappelons qu’en parallèle à la haftara de cette semaine, nous assistons à la supplication insistante de notre maitre Moché envers Dieu en vue de lui permettre de pénétrer sur notre Terre. Mais, malgré les 515 prières invoquées (guematria de ואתחנן comme l’indique le midrach) cela se solde par un refus catégorique. Dieu exhorte à Moché de cesser, de peur de devoir accéder à sa requête (Deut. 3, 26) :
“רַב לָךְ אַל תּוֹסֶף דַּבֵּר אֵלַי עוֹד בַּדָּבָר הַזֶּה”
Assez ! Ne me parle pas davantage à ce sujet.
Nous pouvons en tirer comme premier enseignement la valeur exceptionnelle de la prière. Habituer à se présenter devant Dieu tous les jours, matin, midi et soir, nous pourrions presque l’oublier. Contrairement à l’étude de la Torah, qui se renouvelle à chaque instant, la liturgie pourrait malheureusement apparaitre comme une routine rébarbative.
Et pourtant, en soulignant que “Vaethanane” (ואתחנן) provient du substantif “‘hinam” (gratuit – חינם), Rachi met en évidence qu’en dépit des mérites de chacun, les bienfaits prodigués par le Créateur ne sont que l’expression de Son infime bonté.
Moché en était pleinement conscient, aussi, sa requête de rentrer en Israël, malgré ses nombreux mérites, en appelait à la volonté gracieuse de Dieu. Comment se consoler, s’interrogeait-on ? Nous qui habitons sur notre Terre sans l’avoir amplement mérité, voici la plus belle des consolations. L’ingratitude ne serait pas de mise. On ne peut et on ne devrait pas s’habituer à cette réalité tant espérée et tant attendue. Là où ni Moché, ni Aharon, ni Myriam n’ont pu accéder, notre génération y prospère !
“Les fils bâtissent ce qui était déjà annoncée à la fin des temps, et les colonies de notre Terre jadis désolées refleurissent” (Rav Kook, Maamarei Hareia p. 184). Certes nous devrons affronter d’autres “domaines” encore en désolation, mais qu’importe, aidés par la force de la prière, l’amélioration au quotidien de nos agissements, “נחמו נחמו עמי”, “consolons-nous” car la Consolation véritable est en marche !
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