“ביד חזקה…הוציאנו מארץ מצרים”
Afin d’agrémenter votre nuit du Seder, voici י”ד (14) courtes paroles[1] de Torah[2] et devinettes qui nous permettrons de louer Hachem et de montrer toute notre reconnaissance envers Celui qui nous sort de toutes les “Égyptes” que nous avons traversées … ‘Hag Samea’h !
- Combien de signes parcourent la nuit du Seder ? Pourquoi ? 15 – Kadesh, Our’hats, Karpass, Ya’hats, Maguid, Ra’hats, Motsi, Matsa, Maror, Korech, Shoul’han Orech, Tsafoun, Barech, Hallel, Nirtsa[1]. Tout comme le nombre de marches à l’entrée du Beit Hamikdash et de même que parmi les psaumes composés par David, 15 sont introduits par” le chant des Degrés”, de même, 15 étapes sont nécessaires pour accéder à notre Libération totale du joug égyptien.
- Karpass : bien que nous nous réjouissions pleinement d’avoir été libérés, nous ne pouvons oublier nos aïeux décimés ainsi que nos larmes versées. Le “כרפס” y fait allusion. 600 000 hébreux furent soumis à un dur labeur, “עבודת פרך” – “karpas” : ס=60 (sous-entendu 60 myriades) soumis au travail harassant פרך.
- “A la’hma ania… Benei ‘Horin beara deisrael“ – cette liturgie qui introduit la lecture de la Haggadah est en araméen car elle fut fixée en Babylonie et pourtant elle se termine en hébreu (benei ‘Horine, libres en Terre d’Israël). Cela est dû au fait que nous nous préparons dès cette année afin que l’année prochaine nous soyons réinstallées en Terre d’Israël, tant physiquement et que spirituellement. Se réapproprier sa langue “ancestrale” annonce déjà les prémices de notre rédemption culturelle
- Pour quelle raison n’y a-t-il pas de bénédiction sur le “Maguid”, alors qu’il s’agit d’une grande mitsva ? En effet, toute mitsva est toujours introduite par une bénédiction. En fait, toute mitsva est limitée dans le temps. Elle a un début et une fin, alors que le récit de la Sortie d’Egypte, s’il a effectivement un début, n’a pas de fin et pourrait se poursuivre jusqu’à l’infini, s’il n’était pas temps de s’acquitter de la Lecture du Shema de bon matin !
- Quel âge avaient Moshé et Aaron au moment de la sortie d’Egypte ? 80 et 83 ans.
- “”כל המרבה לספר… הרי זה משובח “Conter la sortie d’Égypte avec abondance est d’autant plus louable…” : l’essentiel dans l’accomplissement de cette mitsva (inscrite dans la Torah) du “Maguid” n’est pas seulement de raconter mais de vivre ce récit. Ainsi nous nous devons d’être impliqués totalement dans cette Sortie d’Egypte en cette nuit-là !
- Halaïla haze – cette nuit-là. En hébreu “la nuit”, Halaïla, est masculine tandis qu’elle est féminine en français. Nos Maîtres enseignent que toute la Création se distingue toujours en éléments dits “masculins” et d’autres dits “féminins”, influenceurs et influencés, donneurs et receveurs, actifs et passifs. Aussi, concernant la nuit, aurait-on pu s’attendre à ce qu’elle soit féminine, influencée par toute l’activité pratiquée en journée, mais cette nuit- là se doit d’être masculine car on attend de notre Peuple d’être actif dans sa volonté de se libérer du joug des nations. Si toute l’année, libre à nous de consommer du ‘hametz ou de la matsa, en cette nuit-là nous nous devons d’être extrêmement rigoureux afin d’accéder à l’authentique Liberté !
- De quel côté doit-on s’accouder en consommant les coupes de vin et en consommant la matsa ? Pour quelle raison ? Nous devons nous accouder du côté gauche et consommer de la main droite. La gauche et la droite correspondent à des qualités divines, dans Sa manière d’aiguiller l’Histoire de Sa Création. La gauche est rattachée à la Justice (Din) quand la droite est rattachée à la Bonté gratuite (‘Hessed). On pourrait cependant s’en étonner en scrutant le verset “יְמִין ה’ עֹשָׂה חָיִל” (Tehilim 118, 16), la droite d’Hachem mène la guerre. En réalité, lorsqu’Hachem part en guerre contre nos ennemis, il n’y a pas plus flagrante expression d’amour à notre égard. Il en est de même lorsque, selon le rite sépharade, la maîtresse de maison verse de l’eau en parallèle avec le vin versé par son mari au moment de l’évocation des 10 plaies. L’eau est attachée à la bonté, le vin, à la justice. Cela renforce en nous la volonté d’être infiniment reconnaissants envers Hachem d’avoir été épargnés.
- Parmi les 4 fils, la réponse apportée au Rasha (mécréant) est étrange à un double niveau : pour quelle raison le père, au lieu de lui répondre directement (à la 2ème personne du singulier) énonce-t-il sa réponse à la 3ème personne du singulier ? Pourquoi le père nous encourage-t-il à lui “arrondir les dents” ? Les positions prises par le fils “mécréant” sont dangereuses et peuvent amener les autres frères à des chemins erronés ; aussi souhaite-t-on les mettre en garde, a tel point, comme l’enseignent nos Maîtres, que “s’il avait demeuré en Egypte, il n’en serait pas sorti” : le fait qu’Hachem l’en ait malgré tout sorti lui aussi, implique qu’il ait un devoir de reconnaissance et une qualité nécessaire à la constitution de notre Peuple. Les propos tenus par le “Rasha” semblent faire preuve d’ingratitude, aussi faut-il lui apprendre à parler, quitte à lui “arrondir les dents”. Autre détail intéressant : lui ôter les dents – שניו signifie aussi ôter le “ש” à “רשע” ; il reste alors “רע” : il devient problématique mais n’a plus d’influence sur autrui. La guématria de “rasha” est en outre de 570, en lui ôtant שניו, 366, il reste 204, צדיק (Juste).
- Rabbi Yehuda distingue les plaies en 3 groupes : “DeTsaCh – AdaSh – BeBeAChaB“. Pour quelle raison ? Nous pouvons voir qu’un réel procès est mis en place où l’accusé, le Pharaon, doit rendre des comptes sur son comportement profondément cruel à l’égard de notre Peuple. Le Juge Suprême, Hachem, lui donne 2 avertissements avant la condamnation. Ainsi, Moshé se rend auprès du Pharaon pour évoquer la plaie du Sang et des Grenouilles mais ne s’y rend pas pour la 3ème plaie. De même concernant la 2ème “série” de plaies (Adash – Bêtes féroces, la Peste, et les pustules) ainsi que la 3ème avec pour finalité de réparer cette injustice que fut l’esclavage et l’emprisonnement d’Israël et d’enseigner au monde, qu’Un Seul Maître dirige la Création et est habilité à contrôler toute Son Œuvre : l’espace, le temps, les végétaux, les animaux, la lumière, l’obscurité, le ciel, la terre, la vie, la mort etc. !
- “Pessah – Matsa – Maror”. On aurait pu penser qu’il faille d’abord évoquer l’amertume du “maror” avant d’évoquer la liberté, exprimée par l’agneau pascal, “pessah”. Mais la tradition hébraïque éternellement optimiste a confiance dans le dénouement positif de la fin des temps malgré les épreuves que nous traversons à chaque génération.
- Maror et la salade (‘Hassa en hébreu). La laitue en hébreu a aussi un autre sens : חסה évoque la Miséricorde Divine. Comme les feuilles de la laitue, amères à l’extrémité et beaucoup plus douces au cœur de la salade. De même, les difficultés que nous devons surmonter cachent souvent un amour inconditionnel du Créateur. D’autre part, la Guématria de “maror” est la même que celle de la mort (מות) alors que “חס” a la même guématria que la vie “חיים”. La vie aura toujours raison de la mort !
- La récitation du Hallel durant la nuit du Seder est séparée en deux, une partie avant le repas, la seconde après le repas. Nos Maîtres nomment ces 2 parties, “Hallel en souvenir de la Sortie d’Egypte” et “le Grand Hallel“, qui fait référence à la Délivrance future de notre Peuple. Lorsque nous évoquons l’événement de la Sortie d’Egypte, nous portons indéniablement un regard vers l’Avenir de notre Peuple, de la même manière qu’avec l’”Afikomen“, cette majeure partie de la matsa que nous avons conservée pour la fin du Seder, nous souhaitons conserver le goût de la liberté à l’annonce de la Rédemption finale d’Israël sur Sa Terre.
- Had Gadia – le sens profond de ce chant à la fin du Seder évoque toute l’Histoire d’Israël. Ainsi le Père, Hachem, a acquis l’Agneau (חד גדיא), Israël, pour 2 pièces d’or, les 2 Tables de la Loi. Le premier agresseur, Lavan, telun “Chat” (שונרא) souhaitait vainement porter préjudice à notre père Jacob, pour son plaisir personnel. Malgré tout, notre Peuple naquit en Egypte mais hélas, le pharaon tel un “Chien” (כלבא) n’est pas disposé à libérer Israël !Heureusement, le Bâton (חוטרא)de Moshé va permettre notre libération. Mais le doute, les inclinaisons erronées dans ce périple vont, tel un feu נורא)), consumer ce Bâton. Fort heureusement, la Parole de la Torah (l’eau) (מיא) arrive avec succès à éteindre ce feu durant les différents exils d’Israël. La stabilité économique, le Taureau תורא)) (animal nécessaire au travail agricole, donc rattaché à la richesse économique) parfois trompeuse, va s’entêter à boire cette eau bienveillante de la Torah et nous faire oublier un moment l’importance de revenir en Israël. La Crise économique, le “Cho’het” (השוחט)va abattre le Taureau et tenter d’éveiller notre Peuple à revenir à Sion. Malheureusement, l’”Ange de la Mort” va commettre un drame profondément douloureux. Rassurons-nous : Hachem ramène le Peuple à la vie sereine et accomplie en tuant l’ange de la mort et voici déjà la Bien-Aimée qui retrouve Son Bien-Aimé, Israël retrouve Hachem à Jérusalem, comme l’enseigne “Shir ha Shirim” que nous chantons à la fin du Seder… Hag Samea’h !
[1] Le Kiddoush, Ablutions sans bénédiction, le céleri trempé dans l’eau salée, la brisure de la matsa du milieu, le Récit de la Sortie d’Egypte, Ablutions, Bénédiction du “motsi”, bénédiction de la “matsa”, Herbes Amères, “Sandwich”, Repas, consommation de l’Afikomen, la matsa cachée, le “birkat hamazone”, la récitation du Hallel, et enfin des chants jusqu’au bout de la nuit…
[1] L’occasion pour moi de remercier infiniment Mme Olga Azen, qui me fait la gentillesse de repasser sur mes textes afin de corriger mes erreurs éventuelles.
[2] Afin d’alléger la lecture je me suis permis de ne pas inscrire les sources, je vous invite à approfondir avec les leçons données sur la Haggadah de Pessah sur notre site.
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