Avant d’évoquer les implications hilchatiques concernant la Célébration du Jour de notre Indépendance Nationale, nous souhaiterions d’abord nous remémorer la situation dans laquelle se trouvait le peuple d’Israël avant et au moment de la création de l’État, le 5 Iyar 5708 (1948).
Des écrits nombreux et éloquents témoignent de la situation déplorable dans laquelle se trouvait la Terre d’Israël jusqu’au 19e siècle. “Il me semble que de tous les pays ayant un sombre paysage, Erets Israël détient la palme. Les collines sont chauves, les couleurs sont fanées, et leur forme sont loin d’attirer l’attention. Les vallées sont désertiques, moches et décorées d’une nature pauvre dont la vue inspire tristesse et désespoir… Chaque ligne est vulgaire, coupante et sans perspective, les distances ici n’inspirent aucune magie. C’est un pays morne, sans espoir, un pays qui brise le cœur”, écrira Mark Twain. Le pasteur protestant Felix Bovet s’exprimera avec clairvoyance en prétextant que cette Terre de Dieu attend le Retour de Son Peuple pour de nouveau refleurir. Cette Terre demeurera en désolation durant des siècles, depuis les débuts de l’Exil de notre Peuple jusqu’à l’amorce de son Retour, il y a près de 300 ans, avec les élèves du Gaon de Vilna et les élèves du Baal Shem Tov notamment.
Le Maharal de Prague dans son ouvrage “Netsa’h Israël” (L’Eternité d’Israël, ch.1) décrit les étapes de la Rédemption d’Israël : Le peuple d’Israël retournera sur Sa Terre. De leurs différents exils, les membres du Peuple se retrouveront en Terre d’Israël. Grâce à ce processus, Israël ne sera plus gouverné par un peuple étranger mais accèdera pleinement et dignement à son indépendance. Tous ceux qui seront suffisamment perspicaces y décèleront la Main d’Hashem et y verront la providence divine qui nous permet de nous installer de nouveau sur notre Terre en y fondant notre propre Etat. Même si certaines conditions ne sont pas encore achevées pleinement, il ne fait aucun doute que l’émotion est intense en constatant les débuts de la réalisation de la Promesse divine. La prophétie d’Ezéchiel (ch. 36) dépeint avec force les étapes de ce retour, lorsqu’il évoque des os desséchés, en poussière qui progressivement retrouvent leur vitalité, leur chair et leur souffle, tout comme notre Peuple qui retrouve son idéal tant espéré !
Avant même la reconnaissance par les nations de la souveraineté d’un Etat juif en Israël, le Rav Moshé ‘Halfon HaCohen de Djerba, enseigna que l’idée même de mettre en place un foyer juif en Terre d’Israël était déjà annonciateur de la Délivrance de notre Peuple. Aussi décrètera-t-il un jour de fête après la résolution de la conférence de San Remo, ratifiant l’accord déjà énoncé par Sir Balfour, quelques années auparavant, concernant la possibilité d’établir un foyer juif en Palestine. Une semaine festive sera même décrétée par le Rav au moment de l’Indépendance. Lorsque nous utilisons ce terme de “festif” ce n’est pas seulement de beaux vêtements et un délicieux repas ; il s’agit d’abord et avant tout, par le biais du Hallel, d’un souhait d’exprimer envers le Créateur une reconnaissance de vivre en cette génération. Au-delà du statut exceptionnel et insolite d’un Peuple exilé et dispersé à travers le monde qui réintègre sa mère Patrie après 2000 ans, de nombreux miracles illustrent ce processus.
Après avoir saisi la valeur cruciale de l’établissement de l’Etat dans le processus de la Délivrance, il nous faut aussi saisir la teneur des dangers auxquels nous devions faire face. Une nation entière était menacée d’extinction et par miracle nous en avons été sauvés. Ne pas remercier Hashem pour avoir été sauvés serait une grave faute d’ingratitude.
Il est d’ailleurs mentionné dans la Guemara (Sanhédrin 4 : 4) une critique à l’égard du Roi Ezéchias, qui malgré sa grandeur, n’a pas su remercier Hashem après la victoire militaire face à San’herib, le Roi d’Assyrie. “Ashem souhaitait voir en ce Roi Ezéchias, le Machia’h… mais du fait qu’il n’a pas fait preuve d’une reconnaissance suffisamment à la hauteur en entonnant le Hallel, il ne fut finalement point investi de ce noble rôle.
Nos Maîtres nous enseigneront à partir de cela combien il est important de glorifier Dieu pour le miracle de l’établissement de notre État. Citons les réponses de quelques-uns d’entre eux au moment où leur a été demandé quelle doit être selon la Torah la position à avoir à l’égard de l’avènement de l’Etat d’Israël. Le Rav Yossef Messas zts”l clame à celui qui serait authentiquement séfarade, craignant Dieu, d’honorer ce jour en chantant avec exaltation le Hallel (complet) en signe de reconnaissance envers le Créateur. Le Rav Ovadia Yossef zts”l agira de même : “Je tiens à signifier que l’Indépendance de l’Etat d’Israël sur la Terre Sainte est un événement fondamental tant sur le plan historique que spirituel… Ce jour, sans aucun doute le début de notre Délivrance, est à célébrer avec force… Ashem a dévoilé à son Peuple de nombreux miracles, en permettant sa victoire sur ses ennemis notamment, aussi nous nous devons de Le remercier et de Le louer en entonnant le Hallel…”.
Hag Samea’h à tout notre Peuple et espérons que des jours encore meilleurs annoncent très bientôt le parachèvement de notre Délivrance accomplie !
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