וְאָכְלוּ אֶת הַבָּשָר בַּלַּיְלָה הַזֶּה (שמות יב, ח)
Et l’on en mangera la chair cette même nuit
Ashem indique à Moshe et à Aaron de s’adresser « à toute l’Assemblée d’Israël » afin de les préparer, en prenant un agneau dans leur foyer, dès le 10 du mois de Nisan, à la Délivrance prochaine du joug égyptien. Il leur faudra être extrêmement prudent à prendre soin de cet agneau jusqu’au 14 de ce mois, car en ce jour ils l’abattront avant la tombée de la nuit pour être en mesure ensuite, durant toute la nuit, de le consommer, avec pour obligation, de ne pas en laisser même une infime partie.
C’est pendant cette soirée festive, qu’il nous sera exigé de nous assoir ensemble, les anciens et les plus jeunes, les pères et les fils dans une seule demeure. Nous connaissons tous cette histoire que nous nous devons de ne pas seulement ressasser chaque année mais il nous incombe d’une part d’en être conscient à chaque instant (et pour être certain que cet évènement ne soit jamais oublié, nous avons reçu l’ordre divin de l’évoquer deux fois par jour) et d’autre part d’avoir le sentiment de la revivre réellement chaque année à la même date !
Au moment de la Sortie d’Egypte, on décompte six cent mille hommes auxquels s’ajoutent des personnes de moins de vingt ans, des femmes et des enfants qui participent à ce projet considérable. Tous ces gens ont besoin de nourriture, de boisson, de moyens pour se loger même partiellement, de fournitures médicales, d’équipements de protection face aux intempéries diverses ! Ce périple se doit d’être minutieusement planifié, aussi il est naturel que la veille du Grand Départ soit naturellement consacrée aux derniers préparatifs. Est-ce réellement le jour le plus judicieux apriori pour cuisiner et consommer sereinement cet agneau, sacrifice pascal, et ce, jusqu’au matin ?
Afin de répondre à cette question, il faut avoir en mémoire quelle était la phobie du pharaon et quel fut son vœu le plus cher concernant l’avenir de notre peuple. Sa crainte principale concernait tout d’abord la possibilité de croissance exponentielle du nombre des membres du Peuple d’Israël. Il espérait vainement qu’en nous asservissant cruellement, le dur labeur et la souffrance mettraient un frein significatif à notre développement. Le pharaon prend conscience de son échec, après avoir tourmenté nos aïeux sans succès et après avoir pu observer que les femmes d’Israël, au risque de leur vie, refusaient d’obtempérer au décret infame d’assassiner les nourrissons males. Ainsi ces femmes honorables ne lui permirent pas de réaliser le vœu qu’il chérissait tant : du fait de la chute démographique des hébreux, il espérait les trouver dans l’obligation d’épouser les hommes égyptiens, et qu’ainsi elles s’assimilent rapidement à la culture locale. Sa volonté de détruire par conséquent la jeune génération et les valeurs de la cellule familiale se voit-là définitivement compromise.
Il devient désormais aisé de saisir pleinement le sens fondamental du Seder et de la consommation de cet agneau la nuit du 15 Nissan, ainsi qu’il sera célébré chaque année. Loin de nous de nous satisfaire du simple récit d’un épisode ponctuel mais l’objectif de cette soirée sera de revivre le plus intensément possible, les bases essentielles et pédagogiques qui structurent notre identité hébraïque: renouveler les défis à chaque génération en renforçant la cellule familiale, enracinée dans une saine relation des anciens avec les nouveaux, des pères avec les fils, et ainsi nous sommes garantis de pouvoir voir très bientôt Eliahou lorsqu’il “ramènera les fils aux pères et les pères aux fils…” (Malachie 3). Shabat Shalom!
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