Le Midrash nous enseigne qu’au moment de la Déchirure de la Mer, l’ange accusateur est venu auprès d’Ashem invoquer Sa Justice impartiale : “Les enfants d’Israël ont eux aussi vénéré des cultes étrangers en Egypte et pourtant Ashem, dans Ton infinie Bonte, Tu leur amène des miracles ?!” S’interroge le Rav Meir de Dvinsk, pour quelle raison, l’ange semble critique à l’égard des miracles qu’Ashem nous octroie alors qu’il n’a pas remis en cause les miracles produits en Egypte malgré l’absence de nos mérites. En effet, pourquoi attend-il la traversée de la Mer pour y émettre des réserves ?
Afin de justifier ce geste, il nous faut saisir la distinction entre l’individu et le collectif quant à l’accomplissement des mitsvot. Lorsque nous examinons les châtiments décrétés par la Torah, nous pouvons voir que concernant les fautes commises à l’égard du Créateur comme l’idolâtrie et la débauche par exemple, la punition exigée est la flagellation, le retranchement, la lapidation et d’autres décrets mortels proclamés par la justice.
Concernant les transgressions à l’égard de son prochain, telles que la calomnie, les commérages et le vol, il n’y a pas de punition par flagellation, car le larcin n’est “pas réparable”. C’est-à-dire, puisque le butin se doit d’être restitué, il n’y a pas de châtiments envisageables sinon la réparation. La raison pour laquelle les auteurs des commérages et des calomnies ne sont pas flagellés est due au fait que leurs iniquités soient considérées comme des fautes “sans mise en actes”. Ces infractions commises par la parole n’impliquent en effet aucun acte au sens propre du terme.
Un individu isolé, pour des transgressions entre lui et Ashem, sera puni plus sévèrement que pour des transgressions entre lui et son prochain.
Lorsque la faute est étendue à l’échelle du collectif, les paramètres seront inversés. Nos Maitres enseignent ainsi (Traite Pea yerushalmi) que durant le règne de David, alors que ses contemporains furent en grande majorité animés par la soif de justice, il n’empêche qu’à cause de quelques délateurs et autres malveillants (donc transgressant la bienveillance espérée entre l’homme et son prochain), les soldats étaient indubitablement voués à partir en guerre et destinés à y mourir. En revanche, durant la génération de Achav, à une époque où, hélas, beaucoup de nos aïeux s’adonnaient à des cultes païens mais étaient, malgré tout, dépourvus de délateurs, ils gagnèrent les guerres ! Nous apprenons de cela que tant qu’Israël était uni sous le joug égyptien, il était jugé en tant qu’entité collective et n’était par conséquent point susceptible d’être condamné pour avoir servi des cultes étrangers. En revanche, au moment où il se tint au bord de la mer, ” quatre castes furent établies au sein de notre Peuple, l’une prônait le suicide dans la mer, l’autre envisageait de retourner en Égypte, la troisième proposait de se préparer à combattre nos ennemis, quant à la dernière estimait qu’il fallait se resigner aux supplications devant Ashem”. Ainsi divisés, ils perdirent, un instant, leur cohésion nationale et apparaissaient en individus isolés. Affaiblis, ils abreuvèrent les doléances de l’ange accusateur.
Combien cela nous renforce dans l’idée qu’au moment où l’on se préoccupe à adoucir les épreuves que notre Peuple traverse, il semble nécessaire de s’insurger contre la volonté de certains de nuire à l’Unité du Peuple, seul véritable rempart face à nos ennemis, en prônant un authentique retour à une cohésion nationale, inspirée par la Sainteté de notre Peuple, nous sommes assurés de l’accomplissement de notre pleine Délivrance très prochainement ! Shabat Shalom!
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