
* selon les paroles du noble soldat Amichai Rubin הי”ד[1]
והיה כי תבוא אל הארץ
“Et il arrivera quand tu entreras dans le pays”
Ces enseignements sont forts célèbres: “והיה” (Ve-haya – “et il arrivera”) exprime la joie, tandis que “ויהי” (Va-yehi – “et il fut”) exprime la peine. Avant de parler du sujet du passé, tous se souviennent qu’au soir de Pessa’h, il y a quatre expressions de délivrance, et la cinquième expression est en fait le centre vers lequel tout converge : “Et Je vous amènerai vers le pays” (Exode 6,8). Les quatre expressions visent toutes le même objectif – qu’Ashem donne vie à un peuple, a Son Peuple qui résidera sur Sa Terre, en Terre d’Israël. Et c’est ainsi qu’il faut regarder aussi le déroulement de notre histoire.
Nous pourrions lire la Torah depuis “Bereshit” jusqu’à “Ki Tavo”, et au moment où l’on y parvient, il est recommandé de réapprendre toute la Torah depuis les premiers mots de la Création. On découvrira comment toutes les complications, les difficultés et les souffrances – finalement nous ont construit et nous ont amené à une réelle expression de joie“והיה כי תבוא”
Très souvent, nous pouvons nous retrouver dans des situations qui nous peinent profondément, des difficultés surviennent, des épreuves dont on semble ignorer d’où elles proviennent, des problèmes dont on ignore une quelconque possible solution, jusqu’à ce qu’au moment où nous avons acquis avec conviction la faculté d’être l’outil essentiel pour parfaire le projet divin et c’est alors que tout ce passé sinueux accompagné de difficultés certaines se transforme en joie immense. Soudain, nous sommes en mesure de tout oublier et de comprendre que tout cela fut une délicate mais nécessaire préparation a l’accomplissement de Son Projet. Comme lors d’un accouchement, toute femme qui enfante, après s’être remise, comprend que de tous ces instants difficiles, ont finalement permis de mettre au monde son enfant, elle sera alors prête à enfanter a nouveau tout en connaissant la complexité de ce processus.
La raison d’être du Peuple d’Israël
L’essence même de la Création du Peuple d’Israël est intimement attachée à la Terre d’Israël. Rien d’autre ne l’apaisera, rien d’autre ne lui apportera autant de joie “והיה כי תבוא” sinon le bonheur d’y être attaché et d’y résider !
Il n’y a pas de peuple sans pays, et inversement – tant que le peuple d’Israël ne se tient pas sur le sol de la Terre d’Israël, il est un corps sans âme. Il se doit respirer “l’air de la Terre d’Israël qui rend sage”, manger de ses fruits saints et toucher cette terre animée par la Sainteté. Tel est son devoir sur cette terre.
Les deux principes généraux
Notre Paracha débute par deux engagements généraux – l’un de la part d’Ashem et l’autre de notre part
1. Le commandement des prémices (Bikourim)

L’exigence des prémices qui introduit notre Paracha est une mitsva énoncée directement par Ashem. Un homme avisé peut mettre en terre une excellente semence, mais seul Ashem décidera si de cette graine sortira un arbre abondant en fruits. L’effort de l’homme est relativement négligeable face à Sa Providence ! Nous savons tous que pertinemment que si Ashem ne souhaite pas que de cette terre nous puissions récolter le fruit de notre dur labeur, seulement
“épine et chardon elle fera pousser pour toi” (Bereshit 3,18)
ק֥וֹץ וְדַרְדַּ֖ר תַּצְמִ֣יחַֽ לָ֑ךְ
Les prémices sont l’expression optimale de l’amour d’Ashem pour nous, et c’est la raison pour laquelle ils sont “les prémices des fruits de la terre que Tu m’as donnée” – Tu as, et Toi Seul décidé qu’il en sortirait un arbre qui me donnerait des fruits !
2. Terumot et Ma’asrot (Prélèvements et dîmes)

La seconde mitsva – les prélèvements et dîmes – dépend entièrement de nous. Après le bonheur de voir son lopin de terre donner ses fruits, il nous importe d’être reconnaissant et d’encourager la terre à prospérer.
On s’interrogera tout d’abord sur l’expression de la Volonté d’Ashem a travers les bienfaits de notre récolte, nous nous intéresserons ensuite à perfectionner, faire prospérer et entretenir ces gracieux présents grâce aux divers prélèvements et a la dime.
Cela se déroule ainsi aussi dans la vie de manière générale : la clarification concernant l’attente d’Ashem de ma part :
“que demande l’Éternel ton Dieu de toi” (Deutéronome 10,12),
מָה ה’ אֱ–לֹהֶיךָ שֹׁאֵל מֵעִמָּךְ …
Ensuite seulement, et grâce a cette réflexion, l’homme acquerra la joie authentique. Celle-ci ne sera atteinte que lorsque nous aurons perfectionné a œuvre selon Sa Volonté, qui par amour, deviendra pleinement la nôtre !
La joie dans le service divin
Le Rav Zvi Yehouda souligne que le sentiment de joie à l’égard d’Ashem est inscrit dans le culte que nous lui vouons. Cela est tellement intense qu’il ne peut être retranscrit explicitement dans la Torah. Dans les “malédictions” dépeintes dans notre Paracha, cela est sous-entendu : “Parce que tu n’as pas servi l’Éternel ton Dieu avec joie et de bon cœur”, et de cela nous apprenons l’importance de servir Ashem avec joie.
Le Rav ajoute par ailleurs qu’“Il ne peut y avoir de réel plaisir et de joie pour l’homme en accomplissant un acte, sinon après avoir pleinement pris conscience dans son cœur, de sa finalité, et en fonction de la connaissance du Bien véritable, l’accomplissement de cette action n’en sera que plus élevée et plus réjouissante”. Cette joie sera alors multipliée et nous encouragera à souhaiter œuvrer pour parfaire le projet divin avec plus de vigueur.
Torah écrite et Torah orale

“Et tu construiras là un autel à l’Éternel ton Dieu, un autel de pierres… et tu écriras sur les pierres toutes les paroles de la Torah.”, indique la paracha.
La Torah vient éclairer toute la vie. Quelle Torah ? la Torah orale, à laquelle les nations ne peuvent avoir accès. Si elle est transmise de Moïse à Josué etc., alors il est indubitable qu’elle est appropriée, et elle seule, à donner un authentique sens à notre vie. Mais si c’est sur l’autel que fut compilée cette Torah écrite, afin d’éclairer notre vie, celle-ci nécessite un prisme oral : la Torah orale.
C’est exactement ce que nous enseigne les derniers mots de “Ki Tavo” : “Ce sont les paroles de l’alliance… outre l’alliance qu’il a conclue avec eux au Horeb.” Comment comprendre “outre l’alliance” ? La Torah orale est la ratification de cette alliance. Mais comment nous réjouir dans un cadre qui peut apparaitre aussi cloisonnée ?
“La Torah d’Ashem est parfaite, elle restaure l’âme” (Psaumes 19, 8)
תּוֹרַת יְהוָה תְּמִימָה מְשִׁיבַת נָפֶשׁ
Précisément quand elle est complète avec la Torah orale – alors cette Torah sur l’autel qui est connectée au sol élève toute la réalité vers le haut.
Le passé qui devient futur
Il existe une expression lorsqu’une personne attend et espère avec impatience quelque chose et soudain, cette chose lui “passe sous le nez”. Nous pouvons percevoir combien sa déception sera grande. Ce n’est pas la manière d’observer les choses dans la Tradition d’Israël. Selon les Paroles d’Ashem, Lui-même, il est tout à fait envisageable que le passé se transforme en futur : “והיה כי תבואו” (Et il arrivera quand vous viendrez) est au futur. Malheureusement l’inverse est aussi possible : le futur pourrait à son tour devenir durant un laps de temps un passé, “”ויהי. Mais de manière générale, tout ce qui a pu se passer n’est jamais une fatalité car il est en mesure de se transformer en quelque chose de profondément bénéfique dans le futur !
En aucun cas, une situation pourrait, bien que délicate, être considérée comme fatale et désespérée, “c’était et c’est fini”. Un des bienfaits exceptionnels que prodigue le Créateur a sa créature est la certitude que le Peuple d’Israël ne disparaîtra jamais, car malgré les déboires et les obstacles, Ashem nous transmets la faculté de transformer ces échecs en bénédictions afin de pouvoir assurer un avenir meilleur et digne de Son Projet. C’est ainsi que nous entendrons l’errance de 40 ans dans le Désert du Sinaï, comme une préparation, certes douloureuse, mais comme une possibilité de se renforcer à l’aube de notre entrée en Terre d’Israël et par là-même de pleinement saisir la valeur immuable de notre Terre.
[1] https://www.amichai-rubin.com/
Fils de Batya et Vishay Rubin, troisième de huit frères et sœurs, né dans la ville d’Acre. Après quatre ans à la yeshiva, il s’est enrôlé dans le 51e bataillon Golani. Amichai était un soldat exceptionnel, un tireur d’élite exceptionnel et représentait la brigade lors des compétitions. Le 7 octobre, le jour du Shabbat de Simchat Torah, Amichai se trouvait à un poste à la frontière de Gaza, près du kibboutz Kissufim. L’attaque au mortier a commencé à 6h30 du matin. Amichai et ses amis ont sauté dans la salle à manger, qui était utilisée comme espace protégé, La bataille dura environ quatre heures. Au cours de l’affrontement, Amichai reçut une balle dans la main et continua à se battre.
Il a reçu une balle dans la jambe, et même cette blessure grave ne l’a pas empêché de continuer. On lui a proposé un remplaçant, mais il a catégoriquement refusé. Finalement, Amichai a été touché à la tête et, miraculeusement et grâce à sa force supérieure, il a continué à se battre pendant 20 minutes supplémentaires, jusqu’à ce qu’il soit à bout de forces.
Le mardi 25 Tichri, il a été déclaré en état de mort cérébrale et la famille a décidé de faire don de ses organes. Cinq personnes ont retrouvé la vie grâce aux organes d’Amichai. Amichai a été enterré sur le mont Herzl, à l’âge de 23 ans.
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